“Depuis la signature des accords de paix d’Alger de 2015, nous n’avons jamais vu des chiffres de déplacés aussi élevés et la situation va très probablement s’aggraver en 2019, » indique Hassane Hamadou, le Directeur Pays du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) au Mali. « Ce début d’année 2019 a déjà été marqué par plusieurs attaques contre les populations civiles. Ceux qui survivent fuient, contraints d’abandonner leur proche et leurs moyens de subsistance. »
Le nombre de personnes déplacées par la violence et les conflits est passé de 35,000 en Décembre 2017 à 126,000 en Décembre 2018, d’après les chiffres publiés par IDMC. L’augmentation s’est poursuivie en 2019 avec plus de 133,000 nouveaux déplacés depuis le mois de janvier, selon le Mécanisme de Réponse Rapide (RRM) codirigé par le NRC
Cette tendance inquiétante à la hausse du nombre de déplacés dans le centre et nord du Mali est principalement due aux attaques de groupes armés non-étatiques, aux menaces et intimidations, aux violences intercommunautaires, et aux opérations militaires. L’année dernière, le NRC avait tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises face à la détérioration de la situation humanitaire au Mali et avait mis en garde contre les réponses militaires disproportionnées dans la région.
« Les civils font les frais de cette violence ainsi que des opérations militaires conduites dans le centre et le nord du Mali. Protéger les populations civiles et répondre à leurs besoins premiers doivent être une priorité pour la communauté internationale si nous voulons empêcher une catastrophe humanitaire, » avertit Hamadou.
Au début du mois de Mai, moins de 20 pourcent des fonds nécessaires pour répondre de façon adéquate aux besoins humanitaires avaient été reçus. A ce rythme, une grande partie des besoins d’assistance humanitaires au Mali ne sera pas couverte de manière adéquate cette année. De la même façon, le RRM destiné à intervenir rapidement dans des zones de déplacements est en voie d’épuiser ces fonds. Pour la deuxième année consécutive, les besoins humanitaires dépassent les fonds disponibles et risquent d’entrainer l’interruption de l’aide d’urgence.